Grand Paradis, Piémont
Le Valsavarenche est la vallée centrale du Grand Paradis dans le Piémont, elle est la seule entièrement dans la réserve. L’idée de ces deux jours est de faire une traversée entre les deux cabanes permettant un accès au sommet du Grand Paradis : les refuges Frédéric Chabod et Victor Emmanuel, en dormant dans le premier.
Pravieux
Nous laissons le véhicule au parking de Pravieux, départ pour le refuge Frédéric Chabod. Nous filons très vite dans une forêt de mélèzes. Là, nous croisons un des gardes faunes de la région, Nicolessi. On apprend que le gypaète fut réintroduit en 2012, 100 ans après son extinction locale.
Sentier aménagé
Le sentier monte de façon régulière avec bien des zigzags, mais ce qui attire l’oeil ce sont les constructions de soutènement du sentier en pierres. Du superbe ouvrage, commandé par le duc Victor Emmanuel II. Il avait fait du Grand Paradis un territoire protégé pour la chasse du bouquetin, espèce en voie de disparition. Pour ne pas se fatiguer, ces sentiers furent construits pour que les mules puissent monter. Depuis ils ont été rénovés, mais le travail est imposant. Superbe.
Nous croisons bien du monde sur ce sentier, de toutes les nationalités, italiens, français, suisses et néo-zélandais. D’ailleurs deux néo-zélandais, viennent de faire le Grand Paradis la veille, leur premier 4000m, … mais sous la brume. Zut, pas de chance, l’avant veille et aujourd’hui c’est grand beau !
Lavassey
Nous sortons brièvement de la forêt (tiens il y a quelques aroles) pour passer devant un refuge fermé, Lavassey. La forme est originale, avec un bâtiment en toit ondulé. De là, il est possible de monter par deux sentiers au refuge Frédéric Chabod, par Montandayné ou la voie normale (notre chemin). On quitte la forêt, pour passer entre quelques arbres puis à découvert. La vue se dégage. Le chemin est désormais tout en zigzags, la montée est pentue, mais régulière et tranquille. Nous croisons bien des alpinistes qui descendent, tiens même un guide vaudois (Suisse).
Refuge Frédéric Chabod
La pente s’adoucit et devient droite, le sommet du Grand Paradis et ses glaciers se dévoilent petit à petit. On passe devant une jolie falaise. Une dernière montée, le refuge ne se découvre qu’au dernier moment, nous fait monter sur la moraine pour rejoindre le refuge Frédéric Chabod. La vue s’ouvre grandement sur le massif du Grand Paradis. Le refuge grouille de monde. Nous marquons une longue pause. L’intérieur de la cabane est moderne, toilettes, lavabo, douches payantes. C’est joli. Il y a des prises électriques, mais un panneau affiche No Wifi (hilarant !). Bien des panneaux solaires sont posés et il y a une génératrice diesel. L’économie d’énergie n’est pas leur point fort, bien des lumières, dont un lampadaire extérieur, restent allumées toute la nuit. C’est ballot !
Montandayné
Le groupe se sépare en deux et nous partons plus qu’à deux pour un aller-retour au Passage du Grand Neyron, désormais d’un bon pas. On passe devant la cabane d’hiver, sûrement l’ancienne cabane pour basculer de l’autre côté de la moraine. Le sentier est agréable. Oh des chamois dans les hauteurs, ça fait plaisir. Nous traversons plusieurs cours d’eau, pas facile vu le débit, il n’y a pas de pont. Le sentier traverse tranquillement le vallon de Montandayné. Il y a peu de monde sur ce parcours.
Bouquetins
Vers le milieu de ce vallon, devant de gros blocs rocheux, il y a un petit troupeau de bouquetins mâles. Les jeunes filent vite, mais les vieux restent paisiblement assis. Nous restons à les observer un bon moment. On s’avance doucement et les vieux mâles, dans leur nonchalance caractéristique, se lèvent pour se déplacer à peine plus loin. Émouvant ces rencontres.
Falaise Punta Monay
Le sentier monte, désormais dans un pierrier. C’est raide et nous longeons la falaise de Punta Monay. La suite du sentier est illisible de loin. On passe sous un cirque, en pente douce, il faut traverser des blocs rocheux, c’est la danse des cailloux. Mais où continue ce sentier. Il se poursuit toujours dans les hauteurs. On croise deux allemands qui viennent du vallon de Neyron. Le monde glaciaire s’étend sous nos yeux et on progresse en pente douce, mais la distance est longue
Passage du Grand Neyron
Puis le sentier remonte, pour longer encore une falaise et enfin il prend de la hauteur. Un passage bien raide et terreux, qui demande de l’attention, puis le sentier bifurque sur la gauche, longe la paroi. Il y a des blocs rocheux à escalader, puis c’est enfin le col, Passage du Grand Neyron. Il se mérite, la cotation locale est EE (excursionniste expérimenté), un bon T3. Nous marquons une courte pause, le cirque du vallon de Neyron est dominé par le reste d’un glacier et un petit lac au fond. Pour descendre, il y a des chaines et des échelles, dans une belle ambiance raide.
Retour
Pour nous c’est le retour. Il faut tout redescendre. Mon instinct me dit de couper pour retrouver plus rapidement le milieu du vallon qui semble accueillant, mais étant dans une réserve je n’ose pas sentir du sentier. In fine, le sentier se descend bien plus facilement. Autant la montée fut assez longue (1h45), autant la descente est roulante. On retrouve nos bouquetins, à peine plus bas dans le même secteur.
Gypaète
On poursuit, lorsqu’un grand rapace nous vole au-dessus. Mais oui c’est le gypaète. Trop content de le voir. Il file en planant vers la falaise du Punta Monay qu’il inspecte, puis passe au-dessus du Grand Neyron (3 minutes pour lui, 1h45 pour nous), profite des thermiques pour aller très haut et basculer de l’autre côté des 4000m. Tout semble si facile pour lui. 20 minutes de bonheur à l’observer.
Chamois
On poursuit, retraversons les cours d’eau, toujours avec attention à cause du débit. Peu avant la moraine, nous découvrons un troupeau de chamois bien en contrebas du vallon. Décidément ce vallon est bien peuplé. Encore une longue pause d’observation puis nous rentrons au refuge, il ne faut pas se mettre en retard pour le repas du soir (nuit et demi-pension à 44.50 EUR).
Laisser un commentaire