Les origines

Dans la série “Fait maison”, le savon est le plus délicat, non pas que la technique soit compliquée, mais plutôt nous manipulons de la soude (ou potasse) qui est une base (pH 14), l’opposée sur le pH d’un acide.
Petit flashback. De 1997 à 1999 je suis au Burkina Faso (Afrique de l’Ouest) comme coopérant et dans les villages, on voyait les vieilles (ou plutôt une vieille) qui fabriquaient du savon en forme de boule, mais c’était un secret jalousement gardé. Je savais juste qu’elles utilisaient de la cendre et des graisses. Une recherche sur internet m’avait peu informé, l’époque n’était pas encore à l’explosion de l’information comme maintenant.
Des années plus tard, cette idée (de faire mon savon pour ceux qui suivent !) refait surface et cette fois-ci la pêche sur le web est meilleur et j’en apprends davantage. Mais il faut manipuler de la soude et ça calme mes ardeurs. Mais vous allez me dire : pourquoi faire son savon alors qu’il suffit de l’acheter au supermarché ? Bon je sens que je vais avoir du travail avec vous, mais allons-y : il suffit de lire l’étiquette derrière ! Cette étiquette contient la liste (non exhaustive, les quantités infimes peuvent être passées sous silence) des produits selon la nomenclature INCI et en général les quatre premiers composants forment 80% du produit final. Le premier est souvent de l’eau et le trois suivants … des dérivés du pétrole ! La jolie fleur qui occupe tout l’emballage ne se retrouve qu’à 0.1% dans le meilleur des cas ! Et la lumière fut … et je suis parti en Ardèche élever des chèvres ! Mais non ça n’est plus à la mode !
Pour les cosmétiques, j’ai acheté sur Amazon, le livre La Vérité sur les cosmétiques de Rita Stiens. Depuis je suis passé au Bio, légumes inclus. Il me reste à trouver les chèvres et un lopin de terre en Ardèche ;-)

Collègues commerçants

Au passage, on trouve encore d’excellents savons, comme le savon de Marseille (en bloc, pas celui du supermarché) ou mieux le savon d’Alep que j’utilise pour me raser (plus besoin d’après-rasage, la peau est douce). En suivant ce reportage, fort intéressant, d’Envoyé Spécial, le savon de Marseille n’est pas fait à Marseille, il reste donc celui d’Alep, mais encore faut-il éviter la tromperie !
Sinon il existe des savons BIO à la Coop (Suisse), sur le marché de noël à Morges, il y a des vendeurs :

Documentation

Bon j’arrive enfin à vouloir mon savon et j’achète la référence en la matière : The Soapmaker’s Companion (en), puis je passe à l’action !
Un savon c’est un acide gras avec une base (soude ou potasse) qui réagissent (saponification) pour donner un savon. Simple, non ? La soude donne le savon dur que nous connaissons et la potasse donne un savon mou (jamais vu dans le commerce) que j’utilise pour laver le linge.

Brisons des mythes

pH neutre pour la peau

Une idée inventée par nos chers publicitaires. La peau a un pH allant de 4.5 à 6.5 et supporte fort bien les savons qui ont un pH allant de 9 à 10. Pour avoir un savon de pH 5.5 (faussement nommé pH neutre, je rappelle qu’un pH neutre c’est 7 !), il faut ajouter un acide (acide citrique ou acide lactique).
Le savon nettoie, mais enlève aussi le film lipidique naturel de la peau, d’où l’intérêt d’utiliser des savons surgras. Après savonnage, les glandes sébacées reprennent une activité normale en quelques minutes et le pH initial de la peau est rétabli.

Les parfums

Les parfums servent surtout … à l’achat. Dans les savons du commerce les parfums sont synthétiques, dans les savons naturels, ce sont des huiles essentielles. Pour les peaux sensibles, évitez-les, comme les colorants. Les huiles essentielles peuvent être irritantes pour certaines peaux et ne doivent pas être appliquées sur les muqueuses ou sur les yeux. Je n’en mets plus sur mes dernières recettes.

Conservation

Une fois entamé, un savon se garde environ vingt-quatre mois. Il vieillit bien et ne perd rien de ses qualités d’une année sur l’autre. Bien sûr on évitera de le conserver dans de l’eau stagnante !

Faire sa soude

La soude se prépare historiquement à partir de cendres de plantes (bois, salicornes, …). J’ai essayé, ce fut un échec.
Actuellement, la soude est obtenue par électrolyse du chlorure de sodium NaCl (le sel !) et s’achète facilement en pharmacie !

Technique

On y va ? Donc pour ce savon, il faut calculer le poids de l’eau et de la soude (ou potasse), il faut grossièrement 150g de soude (ou potasse), pour 1kg d’huile, j’utilise les calculs de ce tableur (OpenOffice). Il y a des macros et il faut donc autoriser leurs exécutions.

Liste du matériel nécessaire :

  • Soude (25.- CHF/kg) [NaOH, Natrium. En pastilles] ou potasse (15.- CHF/kg) [KOH, Kalium. En paillettes, celui en pastilles m’a posé de problème : saponification quasi nulle], en pharmacie
  • eau (robinet)
  • balance
  • deux casseroles
  • protection : gants, lunettes, tablier
  • huile(s)
  • mixeur, spatule (silicone de préférence)
  • moule (brique de lait découpée)
  • Un ordinateur avec OpenOffice.org

J’enfile les gants et les lunettes, je pèse l’huile de coco (cela donne un savon qui mousse beaucoup, par contre je n’ai pas encore cette huile en bio !). Grâce à ce tableur (version OpenOffice), j’obtiens les quantités d’eau et de soude, pour un savon surgras à 5% (donc 5% de l’huile ne sera pas saponifiée, cela permet d’avoir une marge avec la soude et surgras, c’est bon pour la peau !).
Plus d’informations sur Ekopedia.