En février nous étions un petit comité d’accompagnateurs en herbe raquettes à arpenter les pentes des crêtes du Jura, même avec une valaisanne. Aujourd’hui est le grand jour de la randonnée officielle, il faut faire preuve de bravoure. C’est une mélange entre formation et évaluation. L’idée est fort simple : un raid de deux jours dans la région du Mont-Tendre, avec une nuit dehors et l’autre dans un igloo. Bien sûr j’oublie de mentionner le bonheur d’un sac proche de 20 kg, il fallait être autonome. Je pense que les cabanes et leur offre demi-pension n’ont pas trop de soucis à se faire !
On se retrouve mélangé avec des Français. C’est comme la fondue moitié-moitié, c’est la meilleure. On se retrouve divisé par groupe de 5 accompagnateurs maximum avec un formateur qui change chaque jour. C’est ainsi que me retrouve avec deux Suisses, Luc et Yan et deux Français Lionel et Loreleï. Etant double national l’équilibre de la fondue su-mentionnée ne fut pas rompu, le seul groupe qui pouvait se targuer de cette performance !
Nous partons depuis le secteur du Petit-Rolat, sous le Col du Mollendruz depuis Le Brassus. Une première partie en forêt où notre formateur a failli se faire engloutir par un petit baulme. Le Jura, calcaire, voit une partie de ses roches dissoutes. Dans un premier temps, l’eau de pluie va se charger en CO2 et s’acidifier (pH < 6). Cette eau va dissoudre le carbonate de calcium (CaCO3). Ce phénomène d'érosion est de type karstique (Karst, nom allemand de la zone de plateaux calcaires du NO de la Yougoslavie, dont le nom slave est Kras). Comme ces réactions ne sont pas immédiates, et se déroulent à des vitesses différentes, la dissolution de la roche se produit soit en surface, soit plus ou moins en profondeur, selon que l'eau circule lentement ou plus ou moins vite. Quand une fissure est élargie par la dissolution, le débit qui la traverse augmente aux dépens des fissures voisines ; elle prend alors de plus en plus d'importance et devient progressivement un conduit. Toutes les fissures voisines cessent de s'élargir, puisque toute l'eau passe par le conduit.
Nous arrivons à la ferme de La Plateforme. Comme souvent, les fermes peuvent offrir un abri de fortune, il suffit d’ouvrir la porte de l’étable.
Nous poursuivons notre randonnée lorsque notre formateur s’aperçoit qu’une de ses raquettes MSR a sa structure métallique fissurée. Notre attirail du parfait accompagnateur et sa trousse de réparation ne suffira pas, le mal était profond. Après bien du temps, c’est une demi-raquette améliorée par des bouts de bois qui permettra une progression en canard. Nous arrivons devant la ferme des Grandes Chaumilles et décrétons qu’à presque 20h, nuit tombé, il serait grand temps de reprendre des forces … et revoir notre itinéraire !
Nous rentrons dans l’étable et sortons nos réchauds. Faire fondre de la neige pour cuire les pâtes et avoir de l’eau pour la suite, la vie se complique en hiver. Les estomacs remplis nous repartons, désormais en navigation de nuit. Le ciel est dégagé et étoilé. Boussole, altimètre et repères sur le terrain (ah les murs de pierres sèches) sont les mamelles du randonneur ne suivant plus les sentiers battus. Nous arrivons dans la Combe au Cerf (pas vu le cerf, mais des crottes de tétrahonidés) et à la ferme de Grand Croset Dessus vers minuit. Là, nous partons à la recherche d’un abri naturel pour la nuit. En contrebas, un brave épicéa, qui fut planté là, il y a 200 ans rien que pour notre nuit, nous a offert la nuité milles étoiles. Ses branches vont jusqu’au sol et offre un abri contre le vent et le pourtour du tronc est déneigé et offre la chaleur du sol. Enfin à 00h45, nous pouvions enfin rejoindre les bras de Morphée.
Suite le lendemaine (à venir).
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